Le 21 mai 2012 à 16:35, Mehdi Faure <fauremehdi@gmail.com> a écrit :
Comme prévu GP, voici un petit aperçu de mon année...
Après 2 ans en STAPS général, ce qui signifie des cours de base (anatomie, physiologie, espagnol, sociologie, psychologie, histoire du sport, management, éducation et motricité, activités physiques adaptées, connaissances théoriques et pratique des sports tels que danse contemporaine, gymnastique, athlétisme, natation, musculation, handball, volleyball, rugby, badminton, judo, golf, course d'orientation, ski...), j'ai décidé, de choisir une licence professionnelle quelque peu spéciale...
En effet, cette licence pro intitulée GCPSH (Gestion de la Condition Physique des intervenants en Situation Hostile, ou "Grand Couillon Pour Sauver l'Humanité" -> trouvaille de GP qui en est plus que fier...), est spéciale tout d'abord du fait qu'elle est unique en France, elle est dispensé à l'Université JFChampollion à Rodez.
La promo est composée de 23 étudiants, dont 2 filles, les origines sont multiples, on compte seulement 2 Aveyronnais, un tarnais, on a des ariègeois, un breton, des Nantais, des savoyards, un Lyonnais, un Audois, une Angéroise, des Toulousains, des Alsaciens... Je vous laisse imaginer les discussions avec les accents de partout..
Cette licence a l'intitulé barbare EST barbare, en effet, son objectif est de former en une année scolaire, les étudiants aux concours niveau cadre des institutions de la sécurité (gendarmerie, police, militaire ou pompiers...)
La plupart des étudiants sont déjà pompiers volontaires depuis 3ans ou plus, le recrutement se fait officiellement par dossier mais officieusement c'est du piston, j'ai été conseillé par un intervenant qui l'an passé m'avait fait passé le BNSSA (brevet national de surveillant sauveteur aquatique).
Cette licence ne vaut en aucun cas les autres de part ses cours qui restent très concrets, les intervenants ont un passé ou présent plutôt original, par exemple on a comme intervenant récurrent un ancien instructeur de survie des forces spéciales Françaises, un ancien du GIGN, un ancien officier pompier, et actuel officier de réserve de la gendarmerie, l'officier de police référent en en renseignement sur le département de l'aveyron, de multiples officiers de pompiers, un cadre de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), et j'en passe...
Parmis ces cours, on retrouve 2h de combat par semaine, avec l'ancien du GIGN, et c'est pas forcément une partie de plaisir, surtout pour moi qui n'ai jamais baigné dans la violence, les prises de self défense par exemple sont radicales, on sort de la séance complètement courbaturé... En parallèle un programme sportif nous est construit individuellement, on touche à la musculation (peu pour moi mais un peu quand même...),la course à pied et la natation, avec synthèse le WE c'est à dire un sport qui permet de récupérer (j'aime beaucoup la course d'orientation).
2 stages d'une semaine chacun sont programmés dans l'année:
-Le premier, fin octobre au CNEC (Centre National d'Entrainement des Commandos), nous seuls les seuls civils, avec les journalistes sportifs et les équipes de haut niveau, à y avoir accés, les sites de travail sont Collioures (mer) et Mont Louis (+1800m).
La partie Collioure, (lundi et mardi) c'est l'initiation aux pistes commandos, avec des pistes d'audace, des cables à franchir avec des techniques spécifiques, des parcours aquatiques en tenue de sport, le tout dans un cadre magnifique...
Les journées sont chargées, on mange les rations militaires, intelligemment confectionnées, elles fournissent au corps 24h d'alimentation équilibrée, on retrouve dans chaque ration des biscuits salé sucré (qui remplacent pain ou biscottes), des pastilles qui décontaminent l'eau, 2 conserves à réchauffer (viandes ou poisson et accompagnement), des poudres pour donner du gout à l'eau (qui après décontamination à le goût d'eau de piscine...), des boites de paté ou du genre, un sachet de café à diluer dans l'eau, des barres de céréale, des pates de fruit ou du nougat, un sachet de soupe en flocon à diluer aussi dans l'eau, un petit support et 2 pastilles pour réchauffer les plats...
La qualité de la nourriture était plutot bonne à mon goût, l'armée dispose de 16menus différents, c'est la ration la plus enviée de tous les pays de part sa variété et qualité. Les nuits se font en chambrées de 10-12, mixtes, les douches se prennent en plein air, c'est "vivifiant" parait il...
Après 2 jours à Collioure, destination Mont Louis, dans les Pyrénées, là, on a perdu 10°, c'est plus la même, on sort les polaires...
au programmes pistes d'audace de plus grande difficulté, en solo ou en équipe, l'entraide est forcée, la cohésion se fait, et avec la fatigue, on cerne un peu plus ses camarades... Le mercredi après midi, on nous demande de faire une cabane pour 3 en 2h dans une foret, après nous avoir fait une démonstration, ok... Comme on s'en doutait, le soir même on dit dormir dedans, c'est plus très drôle quand la température frôle les -10° la nuit, le jeudi matin, debout à 6h pour 2h de marche sur les chemins gelés, vers un site d'escalade, techniques de franchissement de rivière avec une tyrolienne, techniques de descentes en rappel, pause repas, et retour au fort de Mont Louis pour les parcours d'audace, les traversées de cable commencent à laisser des bleus sur le sternum, les cuisses et les chevilles, c'est de plus en plus dur, il faut prendre sur soi... En soirée, on a le droit à un petit cours survie, avec l'abattage de lapin, dépeçage, découpage et grillades, on fait aussi cuire du pain et des patates, tout est bon quand on a faim... Après ce "festin", rebelote, rebonjour les cabanes, cette fois-ci on a le droit à la pluie, notre cabane résiste, l'eau n'entre pas, ce n'est pas le cas de tous, certains ne dorment pas et ont le droit au rhume... Le vendredi matin, piste collective, par groupe de 8, franchissement de divers obstacles, qui nécessitent pyramides humaines, des poutres à porter sur 200m, etc... Après une cérémonie dans la salle d'Honneur du fort, remise de médaille d'inititation commando, retour en aveyron vendredi en début d'après midi, pour une semaine de vacances bien méritée.
À chaque fin de semaine, nous devons rendre une fiche de lecture, sur n'importe quoi, avec une petite reflexion personnelle, la semaine suivant, on reçoit toutes les fiches de la semaine passée, et on doit les lire, afin de construire notre culture générale, dans l'année, on ne sait pas quand, on est interrogé sur ces fiches...
Le temps passe vite entre les cours (peu nombreux mais très intenses) parmi lesquels on retrouve la physiologie de l'effort, l'histoire des conflits armés, la sociologie, l'anglais, mais encore la gestion du stress, la condition physique, les structures de secours, la sécurité informatique, l'intelligence économique, le droit, les notions de responsabilités...
-Arrive la 2ème semaine de stage, dans l'aveyron, au pied de l'Aubrac, c'est à Saint Geniez d'Olt, les nuits se font dans un petit centre de vancance, on s'occupe des repas, et là on retrouve la richesse des différentes origines de chacun, à mes souvenirs on a mangé un fabuleux rougaille saucisse d'un originaire de la Réunion, une fondue de nos amis Savoyards, un veau aux champignons et un copieux cassoulet, les midi, c'est sandwich et soupe!
Chance ou malchance? cette semaine tombe pile la semaine du grand froid, on passe le premier jour à travailler des techniques de défense au corps à corps, avec simulation d'agression à l'arme blanche ou à l'arme de poing, toujours avec l'ancien du GIGN, qui il faut le dire, envoi du rêve, avec son petit ventre et ses cheveux blancs... l'après midi, initiation à la course d'orientation pour ceux qui ne connaissent pas (topographie, boussole, triangulation, GPS...). Après le souper, mise en pratique, on part pour 3h de marche à pied, avec 3 balises à trouver, surprise? au bout de 20 minutes, il commence à neiger... Après s'être perdu dans les bois, et après l'apparition de quelques petites ampoules, retour au centre pour dormir.
Le mardi matin, 20cm de neige, qui font la joie du breton (c'est une première pour lui...). Techniques de combat sur la neige, simulation de progression dans un bâtiment par équipe de deux avec arme de poing, un individu blackmanisé (armure de mousse, il peut frapper, mais ne sent pas les coups qui lu sont portés) à trouver et à maîtriser.
Après midi de repos, sieste pour tous, en attendant la soirée... La neige a gêné le programme prévu, mais les intervenant ne s'avouent pas vaincus, on à la droit à 10km de marche à pied, soit le retour au bercail à 2h du matin...
Mercredi matin et jeudi, un dojo est mit à notre disposition, on y travaille des techniques de combat, la manipulation de tonfa ( matraque des CRS ) et techniques stratégiques lors de maintien de l'ordre, avec un ancien CRS, moniteur de combat dans la police. Mercredi soir rebelote, randonnée plus courte cette fois-ci, mais avec une petite surprise à l'arrivée, les profs nous attendent avec des firestyles (pierres à briquet), on doit se débrouiller pour allumer des feux, en cherchant des brindilles et branches sèches sous la neige, petit moment de solitude... une fois le petit feu validé par l'instructeur survie, on doit faire des noeuds et une tension de corde comme nous l'avions appris au CNEC, nos maisn peinent à obéir au cerveau, le froid a une emprise terrible... Enfin l'autorisation de rejoindre nos chambrées... on profite des nuits pour dormir, pas de jeux de carte ni rien...
Jeudi soir, programme surprise attendu depuis le début de la semaine, à 23h on nous dispatche en 3 groupes de 7-8, et on nous donne une carte avec un point de RDZ différent pour chaque groupe, avec mon groupe, nous nous retrouvons dans le village voisin, Saint Eulalie d'Olt, classé un des plus beaux village de France. Point de rdv: sous un pont, tout va bien, nous sommes dans les temps, on attend, on attend... Au bout d'1h, nous sommes tous les uns contre les autres à essayer de nous réchauffer mutuellement en restant groupés, (température -18°) Enfin, nos 3 profs arrivent, ils ne lâchent aucune info, ils demandent à un du groupe de venir avec eux, ils partent tous les 4... on se pose des question, on essaie d'imaginer, c'est peut être une mauvaise idée, on imagine le pire... Ils reviennent à 2 puis un par un, toutes les 25minutes, chercher l'un d'entre nous. Enfin arrive mon tour (soulagement? peut être, juste parce que je sais que je vais me réchauffer, mais je ne veux pas savoir ce qui 'attend...) c'est l'ancien du GIGN qui s'occupe de moi, il me prend autour du coup et m'explique... "voilà, tu es dans un quartier chaud, tu veux retrouver ta sœur qui est dans une maison, droguée, tu vas rencontrer des individus malveillants, des dealers, des mecs qui vont pas te donner des fleurs si tu vois ce que je veux dire... tu vas devoir être attentif à tout ce que tu vas rencontrer..." j'acquiesce, et commence à comprendre...
Et là il change de comportement, il me pousse en arrière, m'insulte presque, il me demande de faire des flexions, puis me fait courir, dans le village... En bas d'un escalier, il me montre un sac de rando, il me demande "il y a quoi dans le sac?" je lui réponds "ben j'en sais rien", "et ben amène le en haut de l'escalier, et dépêche toi!" ok, je le fais, il est lourd... très lourd... une fois en haut il me demande "il est à toi ce sac?" ... "ben non..." "Alors redescends le!! et dépêche toi de remonter!!!" voilà... ça y est, je souffle comme un boeuf, et je n'ai plus froid du tout, j'ai le droit à une série de pompes, des abdos, et enfin le jeu commence... un collègue, avec les protections de boxe se rue sur moi, je comprends tout de suite, et enchaîne les prises pour le maîtriser, j'ai le droit à une agression au couteau, à main nue, et j'arrive, toujours guidé par l'ancien GIGN, au pied d'une maison abandonné, il me dit d'entrer, ok... là j'entre dans une pièce, sur le canapé sont assis 2 collègues, sur la tables se trouvent des armes, des armes de poing, des tonfa, des couteaux... ils m'agressent verbalement, je leur demande entre 2 souffles où se trouve ma "soeur", ils m'indiquent l'étage... là je dois dans une pièce maîtriser un individu "drogué", un autre à l'arme blanche et enfin je retrouve mon collègue Paul, ma "soeur".
L'ancien GIGN me demande immédiatement: combien d'individu t'ont agressé, je réponds juste, par contre lorsqu'il demande combien d'armes se trouvaient sur la table en bas, et lesquelles c'étaient, impossible de me souvenir... Les groupes tournent, je prends la place de la "soeur", et attends mes collègues qui débarquent un à un, complètement essoufflés... dernier groupe à passer, on doit attendre dans une sorte de cave, sans faire de bruit, on est l'équipe en standby, on doit pas faire de bruit... Le froid intense finit par nous gagner, on s'endort pour la plupart quelques minutes... 30minutes après c'est fini, petit debriefing, et retour au centre dans nos lits à 4h30AM (après 6km de bitume qui ont paru interminables...). Vendredi matin, évaluation des techniques de self défense, puis rangement et nettoyage des chambre, on est rentré dans l'après midi sur Rodez...
Comme on peut l'imaginer, après avoir vécu des stages comme ça, la cohésion est extrême au sein du groupes, les sorties des jeudi soirs étudiants se font toujours ensemble, l'ambiance est géniale, personne n'est à l'écart, les profs deviennent des amis...
Nous avons pour habitude de sortir dans un bar Lounge de Rodez, qui organise tous les jeudi des soirées à thème, nous jouons toujours le jeu, ce qui plait beaucoup au patron, et qui nous vaut bon nombre de bouteilles offertes, ces jeudi soirs ne sont pas très intelligents, la réputation de notre licence se construit, et pour la soirée de fin d'année (mi juin, après les derniers oraux), le patron nous a proposé de nous donner accès à la piscine et au bar VIP du bar... (soirée intelligente en perspective...)
Cette année, forte en émotions, nous aura permis de nous faire un bon réseau dans tous les domines de la sécurité, la plupart s'orientent pour le concours d'officier pompier, ou de sous officier de la gendarmerie, il y en a quelques uns qui s'orientent vers l'armée, et un qui se réoriente en médecine... grâce à cette diversité d'origine, nous savons que maintenant, à peu prés partout où nous voudrions aller en France, nous aurions un endroit où nous serions les plus que bienvenus!
Année plus que validée, des amis proches, d'autres que je tâcherai cependant vite d'oublier (plusieurs forts caractères et racistes ouverts...), l'an prochain c'est Toulouse pour le Brevet Professionnel de la Jeunesse, d'Education Physique et Sportive des activités aquatiques de la natation, avec en parallèle, les tentatives aux concours de pilotes d'hélicoptères dans l'armée de terre, ou sous officier dans la gendarmerie...